Associer la familiarité des poules à l’élégance des faisans dans une même volière est un projet séduisant. Cependant, cette cohabitation est loin d’être simple et présente des risques sanitaires importants, principalement pour les faisans.
Ce n’est pas une association recommandée pour les débutants. Mais pour les éleveurs déterminés, le succès passe par une compréhension fine des besoins de chaque espèce et la mise en place de précautions non négociables. Voici le guide pour mettre toutes les chances de votre côté.
AVERTISSEMENT : Le Risque n°1 – La Maladie de la Tête Noire (Histomonose) C’est le principal obstacle à cette cohabitation. L’histomonose est une maladie parasitaire dévastatrice, souvent mortelle pour les faisans (et les dindons). Le problème ? Les poules sont des porteurs sains très fréquents de ce parasite, qu’elles excrètent dans leurs fientes sans tomber malades. En partageant le même sol, vos poules peuvent contaminer et tuer vos faisans sans que vous ne vous en rendiez compte. Ce risque impose une hygiène irréprochable et des mesures de prévention drastiques.
Les 4 Conditions Indispensables pour une Cohabitation Réussie
Si vous décidez de tenter l’expérience malgré les risques, voici les quatre piliers sur lesquels votre projet doit reposer.
1. Un Espace XXL et Bien Pensé
Oubliez le poulailler et le parcours classique. La cohabitation ne peut s’envisager que dans une très grande volière entièrement fermée (y compris sur le dessus).
- Le Volume avant la Surface : Les faisans ont besoin de hauteur pour voler et se percher bien plus haut que les poules. Une hauteur de 2m50 est un minimum.
- Des Zones de Retrait : Les faisans sont bien plus timides et sujets au stress. La volière doit comporter des zones de végétation dense (arbustes, conifères, bambous) où ils peuvent se cacher et se sentir en sécurité, loin de l’agitation des poules.
- Des Perchoirs à Deux Niveaux : Prévoyez des perchoirs élevés pour les faisans et des perchoirs plus bas pour les poules, afin de respecter les habitudes de chaque espèce.
2. Une Alimentation Adaptée et Séparée
Leurs besoins nutritionnels sont différents. Partager la même gamelle n’est pas une option viable.
- Aliment « Poule Pondeuse » : Riche en calcium, il peut causer des problèmes rénaux aux faisans mâles ou aux femelles hors période de ponte.
- Aliment « Gibier » (Faisan) : Souvent plus riche en protéines, il sera dévoré en priorité par les poules, bien plus voraces.
- La Solution : Multipliez les points de nourrissage. Placez les mangeoires des faisans en hauteur ou dans des endroits difficiles d’accès pour les poules (par exemple, sur une tablette derrière un écran végétal).
3. Le Choix des « Bons Voisins »
Toutes les races de poules ne sont pas compatibles avec des faisans.
- Côté Poules : Privilégiez les races de poules calmes, lourdes et peu agressives comme la Brahma, la Cochin, l’Orpington ou la Wyandotte. Évitez absolument les races légères, nerveuses et très actives (comme la Leghorn) qui stresseraient constamment les faisans. La présence d’un coq est fortement déconseillée, car son comportement territorial et ses ardeurs peuvent être une source de conflit et de stress majeur.
- Côté Faisans : Certaines espèces comme le Faisan Doré sont connues pour être plus robustes et tolérantes que d’autres.
4. Une Hygiène et une Prévention Sanitaire Draconiennes
En raison du risque d’histomonose, l’hygiène n’est pas une option.
- Quarantaine Stricte : Tout nouvel arrivant (poule OU faisan) doit être placé en quarantaine stricte, dans un lieu totalement séparé, pendant au moins 30 jours.
- Vermifugation Régulière : Mettez en place un programme de vermifugation strict pour les deux espèces, en concertation avec un vétérinaire, pour limiter la charge parasitaire.
- Sol Propre et Sec : Le sol de la volière doit être bien drainé et la litière régulièrement changée pour réduire la survie des parasites.
Conclusion : Un Projet pour Éleveurs Avertis
La cohabitation entre poules et faisans n’est pas une « harmonie parfaite » naturelle. Elle est possible, mais au prix d’installations coûteuses (grande volière), d’une gestion rigoureuse et d’une prise de risque sanitaire calculée pour les faisans.
Pour les débutants ou pour ceux disposant d’un espace standard, il est bien plus simple et plus sûr de dédier des espaces séparés à chaque espèce, garantissant ainsi le bien-être et la santé de tous.







